Les troupes russes, incapable de remplir leurs objectifs, ont opéré un retrait bien organisé vers l’est du pays et Poutine a annoncé vouloir se concentrer le Donbass.
Par conséquent, Poutine revoit à la baisse ses ambitions militaires. L’objectif est désormais la prise du Donbass, la prise la ville de Marioupol et la continuité territoriale entre la Russie, le Donbass et la Crimée. L’Ukraine, qui vient de gagner la première manche, rentre donc dans la deuxième phase de la guerre et les combats sont loin d’être terminé.
L’armée russe va désormais se concentrer sur la ville de Marioupol et essayer de la faire tomber avant le 9 mai (jour de la capitulation de l’Allemagne nazie). Les combats à venir seront donc décisifs et meurtriers. Le gouvernement ukrainien a appelé tous les civils encore présents dans la région à fuir vers l’Ouest. L’armée ukrainienne, de son côté, à Marioupol est affaiblit, quasiment encerclée et manque de tout. La fondation Return Alive a néanmoins réussi à forcer le blocus russe et fournir les combattant ukrainiens en nourritures, drones et capteurs thermiques.

L’armée ukrainienne, dégagée par le retrait russe, pourra se concentrer sur le Sud et l’Est du pays. Mais après un mois de guerre celle-ci est affaiblie et il est difficile de savoir si elle aura les capacités suffisantes que pour lancer une offensive dans le Donbass.
Poutine a donc jusqu’au 9 mai pour prendre le Donbass et proclamer la “victoire“ russe. Ce délai dépassé la Russie, selon Michel Goya, “envisagera peut-être un « cessez-le-feu tactique » afin de geler la situation tout en reconstituant ses forces pour une offensive ultérieure de grande ampleur“.
Au niveau international, le retrait des troupes russes met en lumière l’ampleur des massacres perpétrés par l’armée russe. Que ce soit à Butcha ou Irpine (et surement à travers tout le territoire occupé par la Russie) les Ukrainiens et la communauté internationale découvrent les atrocités commises par les troupes russes. Le président ukrainien Zelensky parle de génocide ; l’occident de crime de guerre. Quoi qu’il en soit, ces massacres entérinent encore plus la rupture russo-européenne et forcent les plus récalcitrant des membres de l’UE à s’aligner sur la batterie de sanctions. Poutine, de facto, et pour longtemps, vient de perdre son plus gros client. Les états baltes ont déjà remplacé le gaz russe, les Polonais le feront en automne, et les Allemands ont pour l’instant diminué leur achat de 25%. La stratégie poutinienne du chantage à l’énergie semble se retourner contre la Russie.
Joseph Roche (dernière mise à jour le 08/04/2022)
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Franco-Belge et passionné par le Moyen-Orient et les aires post-soviétiques, Joseph est diplômé de l’IHEID (Genève). Joseph a travaillé pour Justice Rapid Response, Geneva Call et Oxford Analytica. Il parle français, anglais, hébreu, arabe (Fusha) et espagnol.
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