Le point humanitaire
La force de la concertation des ONGs : témoignage
Il y a quelques semaines, au sein du groupe crise organisé par le collectif ASAH, l’association Medair a transmis une information majeure : l’opportunité de recevoir 10 semis de denrées alimentaires et de matériel de la part de la Protection Civile. Une seule ONG n’ayant pas la capacité d’accueillir puis de dispatcher tout ce matériel, plusieurs membres du collectif ont accepté le challenge et ont ainsi pu envoyer à leurs partenaires ou bureaux locaux :
- Un cargo humanitaire avec environ 30 palettes de matériel médical a été acheminé de la France à l’Ukraine. Le matériel a été réceptionné à l’aéroport de Cracovie par ADRA Pologne pour être envoyé en Ukraine pour l’assistance médicale d’urgence dans tout le pays.
- 4 semis ont été envoyés par ADRA France.
- 2 semis ont été envoyés par l’association La Gerbe, d’une valeur estimée de 75 000€ par camion. Le troisième camion envoyé et qui est arrivé hier à Vinnytsia contenait pour sa part des denrées pour une valeur de 150 000€.

Plusieurs des antennes locales d’ADRA participent aussi à la collecte puis à l’envoi de dons en nature à des points de collecte appartenant à des structures partenaires comme La Gerbe ou Partage Plus. Elles travaillent énormément en collaboration avec d’autres acteurs locaux. Par exemple, fin avril l’association AMALF a donné du matériel médical à ADRA qui sera envoyé par l’association La Gerbe en Ukraine.
Ce témoignage très encourageant de la force de frappe qu’ont les ONG’s lorsqu’elles se concertent se décline à d’autres domaines d’action que l’envoi de matériel. Nous constatons cet effet extrêmement positif de multiplication de l’impact grâce à la concertation dans le domaine de l’accueil des réfugiés en lien avec l’ABEJ nationale, le partage d’informations terrain ou encore dans l’aide financière et psychologique.
Les cinq enjeux actuels de ce conflit
Alors que les ONGs sur place observent une certaine stabilisation, notamment du côté de l’aide apportée à la population, les deux premières phases de la gestion de crise (hémorragie et stabilisation) se mêlent et demandent de jongler entre de nombreux paramètres.
Le collectif ASAH constate cinq enjeux majeurs à ce stade du conflit :
Enjeu 1 : Selon l’OMS, le soutien psychologique compte parmi les besoins les plus critiques dans le contexte du conflit en Ukraine. Au niveau de Medair par exemple, qui est présent sur le poste frontière à Przemysl, le poste frontière le plus fréquenté, l’ONG développe l’aide psychologique en Pologne et en Ukraine. Alo!Mik réfléchit à un projet d’accueil pour les familles à partir du mois de juin dans son centre Eden Park en Albanie. Leur objectif est de donner aux réfugiés un temps à part avec un accompagnement psychologique et spirituel afin de les aider à se reconstruire et repartir.
Enjeu 2 : L’acheminement des réfugiés des frontières vers des solutions d’hébergement plus à l’est. Et par conséquent, trouver suffisamment de solutions de logement et d’accompagnement dans les pays limitrophes. De plus, les ONG’s doivent être très vigilantes aux abus et au trafic humain qui se sont fortement déployés. Medair a pu être interviewé par BFM afin de sensibiliser à ce sujet.
Enjeu 3 : Les déplacés qui restent en Ukraine. L’UNHCR estime à 7 millions le nombre de personnes qui se seraient déplacées au sein de l’Ukraine. La vie doit s’organiser à l’ouest, et l’aide apportée en nature est encore très importante. Il existe une véritable crise du logement et une montée des prix des denrées alimentaires sans parler des pénuries. L’aide apportée par les convois humanitaires est primordiale ainsi que la distribution de coupons d’aide.
Enjeu 4 : Les denrées alimentaires. Les associations Partage Plus et La Gerbe qui collectent des dons en nature constatent déjà une baisse de la mobilisation et rencontrent des difficultés pour remplir des camions. Les dons en nature de type matériel médical, alimentation, hygiène et literie sont encore nécessaires. La collaboration avec la Protection Civile permet d’assurer l’envoi de matériel et de denrées alimentaires et facilite la réponse humanitaire.
Le Secours Protestant soutient financièrement l’église Filadelfia qui envoie un convoi de matériel tous les mercredi de la Roumanie vers l’Ukraine (en lire plus).
Enjeu 5 : L’hébergement temporaire d’urgence des réfugiés en provenance d’Ukraine arrivant en France ainsi que leur accompagnement. Le weekend du 23 et 24 avril, 39 réfugiés ont transité par Paris et l’association La Gerbe a pu aider à les accueillir en urgence pour qu’elles puissent ensuite rejoindre des lieux d’accueil. « L’aterrissage » est souvent compliqué malgré tous les dispositifs mis en place, pourtant exceptionnels. Le déracinement de sa terre n’est jamais chose facile. Le réseau national des ABEJ (Association Baptiste pour l’Entraide et la Jeunesse) apporte une grande aide dans la recherche de solutions d’hébergement d’urgence et a déjà pu intervenir efficacement auprès de plusieurs familles ayant fait appel au collectif ASAH.
Le Secours Protestant agit sur Chambéry, en lien avec les associations locales (dont les ABEJ et l’ACFP 73), afin d’apporter un soutien psychologique mais aussi un accompagnement pédagogique au travers de cours d’alphabétisation aux réfugiés.
Plusieurs antennes d’ADRA France sont actives dans le soutien des personnes qui arrivent en France après avoir quitté l’Ukraine à la suite de la guerre. Ce soutien se fait de différentes formes : vouchers pour l’achat de nourriture et biens de premières nécessité, aide alimentaires et vestimentaire et dans quelques cas, hébergement temporaire.
Ceci est très important notamment les premiers jours après l’arrivée en France, car souvent les personnes ne parlent pas le français, ne connaissent pas leurs droits ni ce qui a été mis en place pour les accueillir, sont nouveaux dans la ville, ont besoin d’orientation pour reprendre leurs vies en main.
Rédaction concertée entre les membres du collectif ASAH agissant dans la crise ukrainienne
Dernière mise à jour le 04 mai 2022, 14h09.