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Communiqué ASAH du 31/03/2022

Le point géopolitique par Joseph Roche

Analyse du front – Ukraine – 29/03/22

Après plus d’un mois de conflit, revenons sur l’état de la guerre en Ukraine.

  • Au Sud

Une attaque sur Odessa est de moins en moins probable. Pour pouvoir attaquer Odessa, les Russes doivent prendre Nikolaïev, qui semble bien tenir. Les Russes ont besoin de prendre la ville pour pouvoir acheminer (suite à destruction de tous les ponts) leur équipement au-delà du Boug oriental (fleuve).

Les Ukrainiens ont également placé des mines sous-marines au large du port, rendant tout débarquement difficile. On constate également quelques offensives ukrainiennes victorieuses autour de Kherson.

  • Donbass

Les Russes patinent également à Marioupol : 

– Les Ukrainiens ont toujours de l’artillerie opérationnelle dans la ville ; 

– Les Russes n’ont pas assez d’hommes (ratio de 5 soldats pour 1) que pour mener à bien une guerre urbaine ; 

– La marine russe a été mise à mal dans la mer d’Azov.

Aujourd’hui, la ville est occupée aux 2/3 par les Russes, mais chaque mètre se solde par de lourdes pertes. Dans le Donbass, la Russie n’a toujours pas réussi à détruire le système de défense ukrainien. Le risque, néanmoins, serait la prise de Marioupol qui libérerait l’armée russe et lui permettrait, par une attaque conjointe avec les colonnes russes en provenance de Kharkiv, d’encercler les forces ukrainiennes.

  • Kyiv 

A Kyiv, l’armée ukrainienne, en minant tous les alentours de la ville, a rendu impossible le contournement de l’autoroute H07 (favorable aux embuscades). Il semble donc presque impossible pour les Russes de prendre Kyiv.

  • Ouest 

Les attaques russes sur l’ouest de l’Ukraine sont présentes, mais restent sporadiques. Une attaque biélorusse est de moins en moins probable et pourrait se solder, au vu de l’armée biélorusse, par une victoire ukrainienne.

  • Conclusion

Le point de basculement s’est fait en faveur de l’Ukraine. Poutine ne peut plus gagner rapidement la guerre et a déclaré vouloir se concentrer sur le Donbass.

Au niveau des pertes la question reste complexe. Les Russes ont publié par erreur un rapport qui s’élèverait à 9861 morts et 16153 blessés.

Le site Oryx a publié de son côté la liste de véhicules russes (et leurs numéros de série) détruits par l’armée ukrainienne. Ils ont recensé la destruction d’au moins 1800 véhicules. Si nous comptons 4 à 5 personnes par véhicule, le ratio de 10.000 morts et 20.000 à 30.000 blessés est plus que plausible.

Cela signifierait que presque 1/4 de l’armée russe (150.000 hommes) aurait été décimée. 50 % de l’armée se trouve en Ukraine et les Russes n’ont déjà plus les forces nécessaires pour continuer les sièges, tenir les villes et avancer.

La Russie essaie donc de mobiliser tout ce qu’elle peut. Certaines sources rapportent même la présence de cadets (jeunes soldats en formations de 15-16 ans) sur le front.

Il semble difficile que Poutine puisse se sortir de ce conflit sans perdre la face. Du coup, subsiste le risque d’attaque chimique et nucléaire. Mais rien n’est moins sûr.

Le point humanitaire

Reportage d’une mission de 5 jours sur la frontière ukrainienne

Du 14 au 18 mars, une équipe du Secours Protestant est partie en mission en Roumanie et en Ukraine, de chaque côté de la frontière. Sur place, ils ont pu rencontrer plusieurs acteurs chrétiens dont un centre d’accueil pour prisonniers qui a été reconverti en centre d’accueil pour les réfugiés, une école biblique qui est devenue un QG pour l’accueil et le dispatch des réfugiés en Europe et des églises qui ont revu toute leur organisation pour être un lieu de solution face à l’énorme besoin.

Le Secours Protestant est notamment allé à la rencontre de l’église Filadelfia de Suceava en Roumanie (40 km environ de la frontière) pour aider à charger un convoi de camions qui partait pour l’Ukraine. Cette église essaie d’organiser cela environ une fois par semaine, mais ça prend de l’ampleur : ils ont démarré avec 10 camions, et le 15 mars, il y en avait 22 ! 

Une grande partie du travail du Secours Protestant lors de cette mission s’est concentrée sur :

  • Le soutien au chargement des denrées, l’acheminement vers la ville de Tchernivtsi en Ukraine puis la dispersion des denrées dans différentes églises dans le pays.
  • L’achat de denrées alimentaires selon les besoins observés sur le terrain.
  • Le soutien psychologique et l’écoute auprès de réfugiés en provenance d’Ukraine, mais aussi auprès des bénévoles qui aident et qui font un grand travail d’écoute et entendent de nombreuses histoires dramatiques. Eux aussi ont besoin d’évacuer !

Témoignage : Une maison d’accueil pour Olga et ses 5 enfants 

“Nous rencontrons aussi Olga. Elle a pleuré deux jours entiers, sans s’arrêter. Son mari est resté en Ukraine et sa fille de 18 ans l’aide à gérer les enfants qui sont petits. Nous faisons 20 minutes de route avec Olga et les responsables de l’église au centre de Moara, où elle sera logée. Une maison gérée par l’église fait office d’accueil de jour pour notamment des personnes handicapées. Derrière la maison, il y a un grand champ et au bout, la maison où pourra être logée la famille d’Olga pour les prochains jours. Il y a une belle vue et nous sommes à la campagne : les enfants ne tardent pas à aller jouer au football. Cet endroit, même s’il ne résoudra pas tout, leur permettra au moins de se reposer et de se sentir en sécurité, ce qui est important, après avoir vécu un tel choc. Olga peut s’entretenir un moment avec une membre de l’équipe du Secours Protestant pour une séance de prise en charge psychologique. Olga semble avoir de la ressource, et va se ressaisir selon le thérapeuthe.”

Cette mission aura été riche en rencontres et en émotions. S’ils ont pu constater de la détresse, ils ont aussi trouvé de l’espoir : de nombreuses associations chrétiennes se mobilisent, de part et d’autre de la frontière, afin d’accueillir les réfugiés Ukrainiens, quels qu’ils soient : “on ne regarde pas leur église, on ne regarde pas leur religion, on ne regarde même pas s’ils croient en quelque chose, nous les aidons parce qu’ils en ont besoin !”

Pour lire l’ensemble du reportage jour par jour, retrouvez le Secours Protestant sur les réseaux sociaux.

 Quelle est la prochaine étape pour les associations du collectif ASAH agissant au sein de cette crise ?

Après le choc et la réaction d’urgence, le collectif et ses membres doivent maintenant anticiper les prochains besoins.

3,9 millions d’ukrainiens ont quitté leur pays depuis le début de la guerre le 24 février 2022 et viennent s’ajouter aux 2 millions qui ont dû quitter leur pays depuis le début des tensions en 2014.

A l’intérieur même de l’Ukraine, il y a aussi un très grand nombre de déplacés : plus de 6,5 millions. Il en résulte une véritable crise du logement qui demande aux ONG’s un travail considérable à l’intérieur du pays, aide qui s’organise principalement à partir de la ville de Lviv.

Nous constatons quatre enjeux majeurs à ce stade du conflit :

Enjeu 1 → L’acheminement des réfugiés des frontières surchargées vers de solutions d’hébergement plus à l’est. Et par conséquent, trouver suffisamment de solutions de logement dans les pays limitrophes. De plus, il faut veiller à un nouvel élément qui entre en jeu : les abus et le trafic humain. Medair a pu être interviewé par BFM afin de nous sensibiliser à ce sujet. Les associations doivent être très vigilantes.

Enjeu 2 → Selon l’OMS, le soutien psychologique compte parmi les besoins les plus critiques dans le contexte du conflit en Ukraine. Au niveau de Medair par exemple, qui est présent sur le poste frontière à Przemysl, le poste frontière le plus fréquenté, l’ONG développe l’aide psychologique en Pologne et en Ukraine. Alo!Mik réfléchit à un projet d’accueil pour les familles à partir du mois de juin dans son centre Eden Park en Albanie. Leur objectif est de donner aux réfugiés un temps à part avec un accompagnement psychologique et spirituel afin de les aider à se reconstruire et repartir.

Enjeu 3 → L’hébergement des réfugiés en provenance d’Ukraine arrivant en France ainsi que leur accompagnement.

Enjeu 4 → Les denrées alimentaires. Les associations collectant des dons en nature constatent déjà une baisse de la mobilisation et rencontrent des difficultés pour remplir des camions. Les dons en nature de type : alimentation, hygiène et literie sont encore nécessaires.

L’association La Gerbe ainsi que l’association Partage Plus font chacune partir un semi remorque ce jeudi 31 mars 2022. Bien que les médias commencent à moins couvrir le conflit en Ukraine, il est important de rester mobilisés car les denrées commencent à manquer pour les envoyer dans les zones de conflit et à la frontière. 
Bien que le point géopolitique nous donne des informations permettant d’entrevoir une issue à cette guerre, l’Ukraine reste profondément meurtrie et aura besoin de forces et de moyens pour reconstruire son pays même après la fin de la guerre. Continuez à suivre les nouvelles de nos associations qui travaillent dans cette région du monde et à les soutenir. Comme le dit le Secours Protestant : “Cette guerre nous dépasse, et nous ne pourrons pas sauver l’Ukraine en envoyant 22 camions déposer des denrées de premières nécessités dans des églises. Mais même si c’est une goutte d’eau dans l’océan, elle compte.”

Accéder au communiqué précédent.

Accès à la page Ukraine du collectif ASAH.

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